Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Flash du jour

11 juin 2010

Un thé au soleil...

Le ciel est beau aujourd'hui, vraiment beau. Il n'est pas gris. Mais il n'est pas trop bleu. Je n'aime pas ce ciel trop bleu qu'il y a souvent en plein été. Aucun nuage ne s'y promène, aucune imagination n'est alors possible.
Aujourd'hui le ciel est un joli terrain de jeu. Je n'ai pas envie de quitter le ciel lorsqu'il est comme ça. Seul le ciel, lorsqu'il ressemble à ça, m'apaise... Pourtant, il va falloir le quitter.
Je vais bientôt entendre un appel. J'aurai beau faire semblant de ne pas l'entendre, il sera suivi d'un cri. Aller chercher du bois ? Oui, d'accord, j'y vais, mais pourquoi faut-il le faire tous les jours ? Ne pourrait-on pas
s'organiser pour le faire plus rarement ?
Je suppose que là-bas ils n'ont pas à se soucier de ça. Qu'ils aillent chercher du bois ou pas, ils s'endorment au chaud. Ils ne connaissent pas la braise, et pourtant, mangent chaud.
Parfois, je rêve d'être là-bas. Papa dit que rien n'est bon là-bas. Que les gens vivent dans la facilité ultime et que c'est cette facilité qui les a rendus esclaves. Qu'ils ne choisissent pas réellement leur destin.
Qu'ils ont l'impression, mais qu'ils obéissent à des schémas. Parfois j'aimerais voir ce que c'est de ne pas être libre... c'est peut-être moins fatigant.
Je pourrais aller voir. Mais j'ai peur. Marcher longtemps, dans la nature, sans personne. Atteindre ces zones périphériques et les traverser. Ma cousine a déjà essayé. Les horreurs qu'elle m'a raconté de là-bas me font frémir.
Pourquoi vivent-ils comme ça ? Ils pourraient s'éloigner, et être dans le naturel. Ou s'approcher et vivre dans le coeur, dans le confort. Pourquoi vivent-ils comme ça ? Pourquoi font-ils tout ça ? Sont-ils humains ? Ou l'ont-ils oublié ?
La vérité, c'est que je n'ai pas le courage de chercher. Djeko a raison. Je suis une rêveuse fainéante. Ca serait si bien si K-Zen voulait aller là-bas. Tous les deux. Quitter cette précarité pour démarrer une nouvelle vie. Motivés. Se mettre dedans.
Mais j'ai l'impression qu'il ne veut pas. En tout cas, il n'en parle jamais. C'est dommage, il est si doué. Si fort. Si musclé. Si intelligent. Quand je le vois déverouiller les systèmes des cités barricadées, je pense qu'il pourrait être de ceux qui fabriquent les protections.
Et pourtant il ne veut pas. Pourquoi ? Nous pourrions être si bien... Avoir un rôle utile, et vivre confortablement... J'ai bien essayé de lui en parler, mais cette fois-là, j'avais lu dans ses yeux quelque chose de menaçant. Il voulait me quitter. Je le sais. Il voulait me fuir, rien qu'à l'idée que je parle de ça.
Je n'en parlerai plus... pourtant j'aimerais qu'un jour il change d'idée. Je serai patiente...
Quand sont-ils partis, déjà ? Une semaine, je crois...

J'espère qu'ils rentreront en bonne santé. J'espère qu'il sera bien. Qu'il ne sera pas abîmé. J'ai hâte de sentir sa chaleur contre moi. Sentir sa vigueur douce m'envahir... Je veux le revoir.

Parfois je le sens trop amoureux. C'est étrange. Il y a pourtant beaucoup de filles jolies dans notre tribu. Pourquoi moi ? Les autres se vantent aisement de leurs exploits. Lui ne parle pas. Est-il réellement honnête ?
Et cette fois où il m'a parlé d'un enfant... Le veut-il vraiment ou était-ce une poésie légère ? J'aimerais bien, mais..... non... je ne sais pas où K-Zen va !

Mamie !!! J'allais oublier Mamie. Je dois aller m'en occuper. Lui préparer son petit-déjeûner. Elle n'a pas l'air en forme, mamie. Papa dit qu'elle ne passera pas l'hiver. Il dit aussi que c'est la vie. Je sens que je ne serai pas triste quand elle partira. Je le sais déjà. Emue, mais pas triste. C'est la vie.
Je l'aime mais je ne serai pas triste. Elle m'a raconté tant d'histoires. Elle sera en moi. Elle seule m'a raconté cette époque où les gens n'avaient pas besoin d'Internet partout dans les cités. Comment faisaient-ils ? Elle seule m'a raconté l'époque où les campements comme les nôtres n'étaient pas illégaux. Les gens les voyaient et ne disaient rien, alors ?
Quand elle me parle, j'ai l'impression qu'elle embellit les choses.
J'ai du mal à y croire. Les gens les laissaient-ils camper, voyager, s'arrêter, repartir, comme ils voulaient ? Ca leur paraissait naturel ? Il n'ont pas pu changer si vite. Ils devaient déjà trouver ça étrange. Ma grand-mère était déjà rejetée. Elle ne le sentait pas, c'est tout. Je pense qu'ils n'ont jamais supporté les voyageurs. Mauvais souvenir inconscient de l'époque où l'homme n'était pas sédentaire, je pense. Mais on ne pourra jamais le vérifier. Je reflechis trop. Peut-être que je reflechis trop.
Un homme a dit ça à K-Zen la première fois qu'il a essayé de rentrer dans une cité pacifiquement. "Tu reflechis trop." Il avait juste essayé de parler à un humain. Il ne savait pas encore que celui-ci était fier de se transformer en machine utile. Plus jamais il n'a essayé d'entrer pacifiquement.

Mon thé est fini. C'est l'heure d'aller chercher du bois. Kindra n'est pas réveillée. J'irai sans elle.
Le soleil est bon aujourd'hui. Après la chaleur de K-Zen, c'est la chose la plus rassurante qu'il soit possible de sentir sur ma peau...

Publicité
Publicité
10 juin 2010

Si la pierre avait une conscience...

Ne pas s'inquiéter. Pas encore. C'est forcément stressant d'attendre comme ça, mais ça va bien se passer. Comme d'habitude. Pourquoi est-ce que ça se déroulerait mal ? Il n'y a pas d'autre solution.
Ca contient beaucoup de monde, un parking le samedi. Incroyable le passage que ça crée. Vu du toit du véhicule, tous ces citoyens occupés ont l'air de fourmis. Exactement ça... une fourmillière ! L'individualisme en plus. Ca a l'air organisé, tout cet affairement...
Dur de comprendre que ce n'est qu'en fait le résultat d'un immense chaos, le CQFD d'une équation complexe intégrant des égos de plus en plus gonflés. Mais c'est justement ça, l'intérêt. C'est cette faille-là qui est intéressante. Il serait plus dur d'être une fourmi et de tenter de piller une fourmillière. Sûr qu'il y aurait une putain de protection à l'entrée de la fourmillière, un truc bien balaise qu'on ne peut casser qu'en étant soi-même une armée. Sûr... C'est bien mieux d'être un humain.
"Jouer sur les égos. La faille, c'est l'égo !" On l'avait cru ouf quand il nous avait sorti ça, Démo, mais faut croire qu'il avait du analyser le truc longtemps.

"Ca va, Méta ?
- Tranquille, j'attends, mec. J'espère juste que cette fois ils vont gérer au top. La dernière fois c'était bien, mais rappelle-toi, les nanas faisaient limite la gueule.
- C'est vrai. Je pense que cette fois c'est bon, ils vont penser à prendre tout ce qu'il faut.
- Ca va de l'autre côté ?
- Ca va, ils attendent aussi."

Il est bon, ce soleil... Difficile d'imaginer quelque chose de plus rassurant que de sentir ces rayons chauffer la peau. Faire gaffe quand même. Cette cicatrice au visage. Une semaine à peine qu'elle s'est refermée, il paraît que c'est pas trop bon, le soleil et les cicatrices. Une cicatrice, ça a beau être plaisant comme un nouveau chapitre dans une histoire palpitante, un récit sans mot d'un passé sans aucune autre trace ; il faut quand même que ce soit un minimum esthétique.
Bon, ne pas trop se laisser aller à faire l'amour avec le soleil. Garder l'oeil. Ca va pas tarder... Quand est-ce qu'il nous a rejoint déjà, Méta ? Ca fait un bail... Presque au début, qu'il est arrivé. Perdu, le gars. A croire qu'il allait pas rebondir et vivoter toute sa vie, rongé par l'angoisse de perdre et la superficialité. Dingue, tout ce qu'il a gagné en conscience, depuis le temps. Et le furtif que c'est ! Un vrai serpent !

"Méta ? C'est quand la dernière fois que t'es allé là-dedans ? En tant que citoyen, je veux dire...
- J'avais 15, mec. Avec ma mère. J'm'en rappelle bien. Mon père s'était fait cassé son contrat prématurément quelques jours avant. Déjà que c'était tendu à la maison pour payer, là, ça sentait pas bon. Mais on s'y attendait pas de si tôt. Sans être avertis, mes parents se sont fait débrancher. Pour 2 ans. T'imagines ? Deux ans, mec. Sauf qu'on le savait pas. On l'a su devant l'automate, on avait toute la nourriture et ça voulait pas laisser passer la transaction. Laisse tomber comment les gens nous regardaient. Ce jour-là, mec, j'ai lu le pire mépris de ma vie dans des yeux. J'étais traumatisé. Ensuite, j'ai compris que ce qui les faisaient réellement réagir comme des bêtes, c'était l'effet miroir, tu vois mec !

- Ouais, ouais, le reflet de leurs propres angoisses. Tu incarnais ce qui les faisait le plus flipper ! Et si ça nous arrivait à nous aussi ? Ooooh ! Non, pas à nous. Ceux-là l'ont forcément cherché. Ils ont mal géré quelque chose... Laisse moi rire !

- Exactement, c'est ça ! Oh, trop bon cette zic ! T'entends mec ? C'est L'Auvergnat, ça. Le mec qui a écrit ça la première fois, il s'appelait Brassens, je crois.

- Ca a au moins 100 ans, ça, non ?

- Un truc dans le genre, je crois... Tu veux tirer ?

- Non, merci Méta. Jveux rester concentré. Dis-moi, ta mère, c'est pour ça qu'elle est partie ?

- Je crois, ouais. Les jours d'après, ils arrêtaient pas de se prendre la tête. Elle lui disait qu'il était incapable. Lui qu'elle en voulait trop, et que si elle avait moins voulu ils auraient pu tenir. Mon père essayait de planter des trucs, mais tu vois, la où on vivait, le sol était pourri de produits chimiques depuis au moins deux générations. Un jour, elle est partie avec un autre homme. Je l'avais senti. Je le savais. Ressenti je sais pas comment. Tu sais, t'as pas les mots, pas le concept dans ton esprit, mais la compréhension en toi. Pour ça que j'ai pas été étonné le jour où elle a regardé mon daron dans les yeux en lui disant : "C'en est trop, tu comprends ? J'espère mieux, j'ai besoin de mieux. Je suis fatiguée..." Ca me paraissait une suite logique. Logique comme le fait qu'on soit ici, maintenant. Pas vrai, K-Zen ?

- Si la pierre avait une conscience, elle croirait que c'est elle qui décide de tomber quand on la lâche... C'est clair... une simple suite logique, masquée par l'hallu de l'égo..."

C'était quand ce dernier piège de l'égo, d'ailleurs ? Ah oui, c'est ce doigt en moins. Cette fois-là, cet hiver-là. Ce regard rempli d'acidité sociale. Cette apparence décorée, masquant cette conscience remplie de vase. Et ces mots. Ces mots qu'il n'aurait pas fallu considérer... Cette vitre. Ces fracas, cette rage chauffant le ventre et l'esprit. Ces larmes qui s'évaporent en violence. Puis plus rien. Une ruine. Un soulagement suivi de panique. Un bug dans la conscience vaseuse en face, des appels, des sirènes. Une course. Une planque. L'attente. Et ce sang. Merde, ce sang ! Cet évanouissement. Et ce réveil, un doigt en moins... Dernier piège de l'égo ! Plus jamais, plus jamais ça. Ca n'existe pas. C'est leur course à eux. Leur mépris n'est que le reflet de leur inquiétude. L'égo les fait suivre. Il ne faut pas leur en vouloir, il ne faut pas les considérer. Tout ça n'est pas fait par volonté consciente. C'est la peur qui les fait agir, parler, penser. C'est même la peur qui les fait aimer. Ne pas leur en vouloir, ils ne veulent pas se donner la peine. Même s'ils le voulaient, le pourraient-ils tous ? C'est fatigant...

"Tu es sûr que les collabz de Démo sont fiables ? Ils ne vont pas se dégonfler ?

- T'inquiète ! Démo sait s'y prendre. Il les a rencontré l'autre jour, dans les champs périphériques. Il leur a filé un accompte. T'aurais vu comment ils étaient fous ! Ils ont goûté la plante, tu pouvais voir dans leurs yeux qu'ils n'attendaient plus que le moment où ils allaient être complètement payés ! De la défonce 100% naturelle !!! C'est pas souvent qu'ils peuvent avoir ça, hein ?

- Exact. Et ils sont nombreux, pour perturber les chiens ?

- Une quinzaine je crois. Ya deux groupes de chiens, un à chaque entrée du centre. Ils sont au courant qu'ils vont se faire embarquer par les chiens pendant une semaine en cellule, pour perturbation au calme et à l'ordre publics. Ca ne leur fait pas peur. Démo redescendra les payer dans deux semaines.

- Tiens toi prêt, Méta ! Je le sens bien, là !"

L'adrénaline. Une adrénaline sans réelle peur. Juste une sensation. On n'a pas peur quand c'est la suite logique. On choisit pas sur quelle vague on atterit. On choisit juste comment on va la surfer. Et celle-là, on va bien la prendre ! Vivement demain. L'arrivée, le feu de camp. Les rires, les embrassades. Et le regard des nanas quand elles verront que cette fois on n'a pas oublié ces petits produits de luxe qu'elles aiment tant. Elles pourront se faire belles. Sentir bon. Avoir la peau douce, les cheveux envoûtants. Et Kaya... Elle sera si belle, Kaya. Vivement que je la revois. Que je goûte sa peau, que je sente sa fragilité tout contre moi. Et m'endormir avec elle. Rouvrir les yeux et voir ce campement. Ce calme. Cette sympathie, cette douceur de vivre, déconnectés du temps. Les montagnes, l'éveil et la sérénité.
Oui, vraiment, vivement demain. Une semaine ici, à piller, à tout faire pour en tirer le plus possible, et c'est comme si la montagne m'avait quittée depuis des mois. Comme si ces mouvements automatisés, électroniques, ces regards vides de vie sincère, cette pollution, ces odeurs acides, ces codes barres, ces contrôles biométriques qu'il avait fallu tromper, avaient réussi à effacer le souvenir du naturel, pourtant si proche. Une semaine. La prochaine fois, d'autres iront. Chacun son tour. La prochaine fois, je resterai à m'occuper des défenses du campement. Kéo veut voir. La prochaine fois, Kéo ira. Ce gamin de 13 ans est prometteur. Il n'a jamais vu comment c'est. Il faut qu'il voit. Qu'il ressente pour comprendre. Lui dire ne sert à rien, lui expliquer non plus. Il faut qu'il le vive, qu'il le ressente, c'est seulement de cette manière qu'il aura la compréhension. Et qu'il sera vraiment vaillant et protecteur pour la communauté plus tard. Ou pour en créer une autre. Elargir le réseau. Peut-être... ils sont là ! ILS SONT LA !!!!!!!!!!!

"Descends, vite, ouvre les portes, alors !!! Charge-nous ça, mec, qu'on s'arrache ! De l'autre côté, ils ont vus ?
- C'est bon, ils ont vus. Tous sont sortis en même temps, c'est bon !"

Agir vite, rapidement. Se sentir vivre, intensément. "Allez, allez, regarde ce qu'on a pris !!!" Ce qu'on est forts, unis ! Faire partie d'un tout, uni. Oublier l'égo le temps des actions bénéfiques pour tous, ressentir qu'on est tous liés, quelle sensation. "Les collabz étaient bons, t'aurais vu, ils ont foutu le bordel, ils ont bien occupé les chiens, on est passés comme des corrompus à L'Elysée, mec !" Charger, vite. Tout mettre, au plus vite. Déjà fait. Refermer.
Fini, c'est fini. Qu'est-ce qu'il gère, Méta, pour conduire ce camtar et se faufiler pour fuir. Sûr qu'on va semer les patrouilles de contrôle. Lui seul connaît tous ces chemins... Un klaxon. Pourquoi il klaxonne ?

"Qu'est-ce que tu fais, Méta ?
- Je les préviens, K-Zen, un ancien pote à moi. Lui est resté connecté, mais pas bête non plus. Je t'assure que je lui ai rien dit. Il sait pas où on vit, mais il nous aide pour quelques petites actions. Je l'avais prévenu qu'on allait être là. Lui et quelques-uns vont bloquer l'artère. On va pouvoir prendre de l'avance !"

Fort, ce Méta. C'est bien parti, alors. Reste plus qu'à fuir. Prendre des faux chemins, suivre cet itinéraire incohérent. Puis demain nous y serons. Kaya, j'arrive. Plus que cette nuit. Roulons. Au fait, c'était quoi le nom de cet endroit ?

Publicité
Publicité
Flash du jour
Publicité
Flash du jour
Newsletter
Publicité